Note générale :
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Pianiste d'un autre temps, Grigory Sokolov bénéficie d'une reconnaissance tardive et son nom n'est familier qu'aux passionnés de musique classique. Malgré un Premier prix de Concours Tchaïkovski obtenu à l'unanimité à seulement seize ans, en 1966, l'artiste cantonné dans ses frontières par le régime de l'URSS a dû longtemps se contenter de l'approbation de ses compatriotes, à de rares exceptions près en tournée européenne ou américaine.Rétif aux séances en studio, c'est sur scène qu'il préfère déployer sa technique jugée effarante. Le nouveau contrat qui le lie à Deutsche Grammophon obéit à cette volonté et dévoile en première instance, au format CD comme vinyle, un récital capté en 2008 dans la " Maison de Mozart ", à l'occasion du Festival de Salzbourg. C'est par le divin compositeur que commence le concert, débarassé de tout bruit parasite, en proposant une lecture enjouée de la Sonate n°2 en fa majeur de 1774 et, dans la même tonalité, une interprétation renversante de la Sonate n°12 (K. 331, voisine de la fameuse " Alla Turca "), nantie d'un somptueux Allegro.Le public exigeant du festival déjà conquis par la finesse et la clarté du jeu, Grigory Sokolov peut dérouler les 24 Préludes opus 28 de Chopin, avec la même précision dans les contrastes harmoniques. L'oeuvre divisée en cycles de quintes (une clé mineure suivant une majeure) sied particulièrement au romantisme sombre émanant de cette exécution. Le Prélude n°4 en mi mineur n'est que pur ravissement, au mêtre titre que le bref ostinato continu du suivant. Le Prélude n°8 en fa dièse mineur, réputé difficile, n'offre aucune résistance devant tant de maîtrise polyrythmique.Le jeu de pédale infaillible et la dextérité toute de légèreté sont des constantes chez Sokolov, comme en témoignent les Préludes n°13 (Lento) et n°14 (Allegro) et le redoutable Prélude n°16 en si bémol majeur, dévalé d'une traite. Le récital, d'une qualité supérieure, alterne ensuite les Poèmes n°1 & n°2 de Scriabine aux Mazurkas n°2 & n°3 de Chopin, pour finir sur un bref extrait de la suite Les Sauvages de Rameau et la cantate " Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ " (BWV 639) de Bach.
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