Note générale :
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Et si le plus grand des rockers français vivants était arabe ? Le genre musical devenu éclaté, écartelé entre bombardements electro, produits folk et bricolages lo-fi, s'est réduit à une peau de chagrin malgré l'offensive des " BB rockers " et autres " Fils de Strokes " il y a déjà longtemps. Réchappé d'un âge d'or où Bashung et Darc étaient encore de ce monde, Rachid Taha continue de tracer une oeuvre aussi singulière que méritante, loin d'être reconnue à sa juste valeur.Le dernier album Bonjour de 2009 le voyait fricoter avec Gaëtan Roussel pour un joyeux exercice d'équilibre entre chanson et rock. Le côté Trenet de celui qui, jadis et avec sa Carte de Séjour brandie en étendard, reprenait " Douce France " à son compte, c'est à dire celui d'un " Rock the Casbah " avant l'heure, " multi-culturel " comme on disait alors. Le présent Zoom ne déroge pas à la route tracée par cet enfant du rock béton des cités qui dès l'ouverture en " Wesh (N'amal) " se rêve en Johnny Cash des hautes plaines, guitares multicolores en bandoulière (acoustique, rock, andalouse). Une posture inattendue qui sied à l'organe voilé par les vents et autres secousses.La suite, dense et entraînante, dessine un parcours sans-faute jusqu'à " Algerian Tango ", à prendre comme une jam de fusion dub rock. Soit sept mélopées qui vrillent les sens entre " Zoom sur Oum " (poéme oriental sur fond de sample de la reine Kalthoum) ; les hymnes " Jamila " et " Ana " taillés dans une roche brute distordue ou arabo-country ; une version toute personnelle, toute en grâce andalouse, de " It's Now or Never " avec la participation sensuelle de Jeanne Added ; le phénoménal " Fakir " bilingue et festif ; le rétro " Les Artistes " déclinant les héros Kurt Cobain, Elvis Presley, John Lennon ; le raï électrique de " Khalouni / Ya Oumri ". Et, après un dépaysant " Galbi ", une surprise pour la fin : " Voilà, voilà " revisité electro-garage par le maître Brian Eno et son hôte. Entre au panthéon du rock francaoui, Rachid Taha.
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