Note générale :
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S’attaquer de nos jours à un énième enregistrement des Quatre Saisons de Vivaldi impose une vision novatrice de l’oeuvre déjà enregistrée des centaines de fois sur instruments d’époque et contemporains. On ne compte plus les chefs et formations orchestrales ayant gravé devant l’éternité leur vision des Saisons. Nigel Kennedy, Gidon Kremer, Fabio Biondi, Sigiswald Kuijken, Il Giardino Armonico, pour ne citer qu’eux, ont chacun imprimé un style propre, prouvant que cette oeuvre peut se révéler de bien des manières. Le violoniste virtuose Nemanja Radulovic, du haut de ses 26 ans, n’a pas à rougir face à ses illustres prédécesseurs ! Ses quatre saisons à lui sont celles de son pays natal, la Serbie. Il se réfère à ses souvenirs d’enfance afin de créer une interprétation " jeune, avec de nouvelles sonorités ", ajoutant qu’il faut entrer dans les Saisons " avec le coeur et les émotions, il faut essayer de revenir à l’enfance ". Résultat, douze mouvements très personnels qui s’apprécient au calme, ou, mieux, au casque. L’enregistrement exceptionnel permet en effet de faire émerger un instrument au moment où l’on y attend le moins –ici les sonorités du clavecin, là celles de la basse continue – tandis que l’ensemble Double Sens manie à la perfection toute la palette de couleurs offerte par cette oeuvre concertante : passages enflammés (fuoco !), ralentis (ritardando), enjoués (giocoso) ou bien encore rapides (presto). Bref, il s’agit bien là d’une vision très personnelle qui pourra même en dérouter certains à la première écoute. Quoi qu’il en soit, Nemanja Radulovic assure une parfaite maîtrise de son instrument qu’il parvient presque à faire pleurer dans l’Adagio de l’Eté, tandis que dans le Presto de cette même saison, celui-ci semble animé d’une vie propre.Si cet album s’intitule les 5 Saisons, ce n’est pas par pure visée marketing mais aussi pour introduire Spring in Japan 2011, une oeuvre créée par Aleksandar Sedlar et interprétée ici par Nemanja Radulovic accompagné de l’ensemble Les Trilles du Diable. Le compositeur a voulu rendre hommage aux victimes du Tsunami de mars dernier au Japon. Cette oeuvre sombre par certains côtés et aux accents japonisants, tend à montrer que la Terre doit désormais compter avec une cinquième saison engendrée par le réchauffement climatique impliquant désastres à répétition. Ici, le violon évoque tour à tour la plénitude de la campagne japonaise, les sirènes d’alerte, le silence après le passage de la vague. Une oeuvre prenante enregistrée ici pour la première fois.
Universal
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