Note générale :
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CritiqueC'est sur un album de chansons traditionnelles de Noël, A Christmas Cornucopia, qu'Annie Lennox avait laissé son public en fin d'année 2010, et c'est sur un florilège de reprises qu'elle le retrouve avec le bien-nommé Nostalgia. De vingt ans le cadet de Medusa, qui proposait alors un échantillon de la musique qu'elle aime - de la soul au punk -, ce sixième recueil offre une vision plus mûre et profonde de l'univers de la chanteuse, et pas moins personnelle puisque s'y concentrent des mélodies ayant marqué son enfance.Sortie du fond sonore en sourdine d'un transistor des années soixante, la mélodie de " Memphis in June " (Hoagy Carmichael) se voit relayée par le timbre chaleureux de l'Écossaise, qui enchaîne avec le " Georgia On My Mind " du même compositeur, popularisé par Ray Charles. Antérieurs de quelques décennies aux airs contemporains de sa jeunesse, les douze titres de la sélection dévoilent les amours pop et jazz de la chanteuse. Les compositions signées Gershwin (" Summertime "), Duke Ellington (" Mood Indigo ") ou Billie Holiday (" God Bless the Child "), dont elle reprend également l'immarcescible " Strange Fruit ", passent sans égratignures sous sa voix chaude et veloutée, sachant cracher du feu quand il le faut, sur " I Put a Spell on You " de Screamin' Jay Hawkins, comme au temps merveilleux d'Eurythmics.Personnalité indubitablement attachante et honnête dans sa démarche musicale, en sus de ses belles qualités vocales, Annie Lennox ne saurait être taxée de facilité ou d'opportunisme : quelle gloire gagnerait-elle à reproduire, dans le plus noble appareil piano-voix et orchestre, des airs si éloignés de la modernité dont se nourrit l'industrie musicale ? Même si les arrangements de " I Cover the Waterfront ", " September in the Rain " ou " The Nearness of You ", pour fidèles et simples qu'ils soient, ne bousculent pas la tradition, ils ont l'avantage de mettre en valeur l'atout principal de l'interprète, dont l'unique souhait est d'apporter sa propre contribution à l'histoire de ces chansons. Ausi intimes qu'un journal, ces versions dépouillées sont portées avec grâce.
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