Ciné-club Joseph Mankiewicz
Formation
Licencié en lettres puis correspondant à Berlin du Chicago Tribune,
Joseph L. Mankiewicz traduit des intertitres de films muets pour la UFA,
compagnie de cinéma allemande. De retour aux Etats-Unis, il rejoint son
frère à Hollywood et officie pour la Paramount en tant qu'écrivain
dialoguiste. Il continue son apprentissage à la Metro-Goldwin-Mayer, et,
à partir de 1936, il produit les films de John Ford et de Fritz Lang.
Carrière au cinéma
En 1946, Joseph L. Mankiewicz réalise son premier film, Le château du
dragon, produit par Ernst Lubitsch. Cinéaste hors norme, il va à
l'encontre des produits formatés de l'industrie du film à travers une
vingtaine de réalisations aux personnages intelligents et profonds, et
il cherche à explorer la vérité de l'homme. The ghost and Mrs. Muir
(L'aventure de mme Muir, 1947) explore la solitude et la perte de l'être
aimé à travers la rencontre fantastique de Gene Tierney, veuve éplorée,
et de Rex Harrisson, fantôme d'un vieux loup de mer. Après le film
policier (Somewhere in the night, 1946), Mankiewicz s'oriente vers le
documentaire sociopsychologique : Houses of strangers (La maison des
étrangers, 1949, avec Edward G. Robinson et Susan Hayward) démonte les
rouages de la corruption par l'argent des rapports au sein d'une
famille. En grand connaisseur d'Hollywood, il analyse dans un film
brillant et bavard, All about Eve (1950, avec Bette Davis, Ann Baxter,
Marylin Monroe et Georges Sanders), les rapports qu'entretient une
grande actrice avec son entourage. Il réalise une adaptation de Julius
Caesar (1953) avec contre toute attente Marlon Brando dans le rôle
titre. Il est son propre producteur à partir de 1954. Dans un Hollywood
souvent taxé de misogynie, Joseph L. Mankiewicz revendique son amour des
femmes : La comtesse aux pieds nus (1954) est un des plus beaux poèmes
écrit avec une caméra à la gloire de la femme.En 1959, il adapte la
pièce de Tennessee Williams, Suddenly last summer. D'un sujet scabreux
complaisamment évoqué à la scène, il tire une analyse psychanalytique
d'un conflit entre trois personnages, (interprétés par Elizabeth Taylor,
Montgomery Clift et Katharine Hepburn). En 1960, il accepte de
reprendre en main l'adaptation de Cléopâtre (avec Elizabeth Taylor, Rex
Harrison et Richard Burton), abandonnée par Rouben Mamoulian à la suite
de démêlés avec la 20th Century Fox. Pendant deux ans, il se bat contre
l'énorme machine hollywoodienne, réécrit le scénario au fur et à mesure
du tournage afin d'imposer sa griffe à ce film, en vain.
Son
nom figure au générique, mais il refuse que l'on mentionne ce titre dans
sa filmographie.
Après plusieurs années de silence, il revient en 1966
avec The honey pot (Guêpier pour trois abeilles) puis réalise en 1970
There was a crooked man (Le reptile), archétype du western ironique.
Malgré les performances de Kirk Douglas et d'Henry Fonda, le film est
incompris par le public. Mankiewicz fonde sa mise en scène sur le
dynamisme de la parole.
Dans Le limier (1972), un lieu clos et les
échanges verbaux entre deux personnages (Laurence Olivier et Michael
Caine) suffisent à composer un récital sur l'envers du décor social.
Réalisateur intellectuel et sophistiqué, marginal, Joseph L. Mankiewicz
occupe une place à part dans le cinéma hollywoodien.
Mankiewicz dans la médiathèque
texte imprimé
En l'absence de son mari, Elsa Platte, mère de famille de quatre enfants, ne cesse de visionner le DVD de Joseph Mankiewicz, Chaînes conjugales. Les trois héroïnes du film lui tendent un miroir, véritable révélateur de sa situation conjugale, da[...]