Mucem : vivre au temps du confinement
Du 12/02/2021 au 18/02/2021
En avril dernier, le Mucem lançait une grande collecte participative autour de nos vies confinées. Nombreux sont ceux qui ont répondu.
Dès le début de la pandémie de Covid-19, centres d’archives et musées ont lancé des collectes participatives pour obtenir des témoignages ou des objets qui serviront aux historiens du futur. Tour d’horizon.
Un infirmier a envoyé la photo de ses chaussures avachies, posées devant sa porte, prêtes à repartir. Une personne a choisi le cliché d’une tyrolienne installée entre voisins pour pouvoir s’échanger des gâteaux ou des livres. Une autre a posté la photo craquante d’une madeleine transformée en petit personnage, affublé de bras et de jambes, regardant désespérément par la fenêtre. Cette icône dodue, qui résume tous les sentiments du premier confinement, entre angoisse et besoin de réconfort, a été proposée, comme d’autres, au Mucem, à Marseille, suite à un appel lancé par le musée sur les réseaux sociaux pour collecter des choses racontant notre quotidien d’après le 17 mars. Sous la forme d'objets bien réels, accompagnés, de préférence, d’une petite bafouille pour les expliquer. « Passé la sidération des premiers jours, nous avons eu conscience que l’histoire était en train de se jouer et qu’il fallait en conserver la trace », explique Emilie Girard, directrice scientifique du musée marseillais.
600 propositions
Que resterait-il, sinon, de tous ces objets transitionnels qui nous ont rassurés ? Que garderions-nous, si ce n’est les kilos réels, des nombreux apéros virtuels qui faisaient chaud au cœur ? Fin janvier 2021, l’Institut national du Patrimoine organisait un colloque sur Internet réunissant les différents acteurs ayant glané tous azimuts ces petits morceaux d’histoire avant que la mémoire ne les déforme ou ne les efface.
Mars 2020, la France se
confine. Les centres d’archives sont les premiers à engranger, outre la
presse, des témoignages vus sur les réseaux sociaux. Dès le 18, les
archives municipales de Beaune se lancent, suivies par les archives
départementales des Vosges puis des dizaines d’autres en France. Les
musées aussi, tel le Munaé à Rouen (Musée national de l’éducation), qui
lance en ligne une campagne de collecte adressés aux élèves de tout
âges. « On en a reçu de toute la France, et particulièrement de
toutes les classes d’un collège à Dijon, où les professeurs ont dû se
prendre au jeu », explique Georgia Santangelo, chargée de
conservation.
Parmi ces traces d’enfants confinés, des dessins poignants représentants des oiseaux en cage, des témoignages de jeunes sans Internet, ou bien des photocopies de dictées faites par une grand-mère à son petit-fils par téléphone…
En avril, trois mois après le début de la crise, l’Unesco appelle les pays du monde entier à veiller à la conservation des documents liés au Covid.
(Télérama Sophie Cachon 9.02.21)